La cade provençale, avec son ingrédient de base le pois chiche, tisse une histoire fascinante qui plonge ses racines dans la culture et l’agriculture historique du Var et de la Provence en général. Cette spécialité culinaire illustre non seulement la richesse gastronomique de la région, mais met également en lumière l’importance culturelle et économique du pois chiche dans le sud de la France.
Origines et évolution de la cade
La culture du pois chiche dans le Var remonte à l’Antiquité, où ce légume sec était déjà apprécié pour sa robustesse, sa capacité à pousser dans des sols pauvres et son aptitude à résister à la sécheresse. Le pois chiche, ingrédient versatile et nutritif, s’est naturellement intégré dans l’alimentation des Provençaux, donnant naissance à diverses préparations culinaires, dont la cade.
Historiquement, le pois chiche a été cultivé dans plusieurs zones du Var, en particulier dans les régions intérieures où les conditions climatiques et les sols étaient favorables à sa culture. Les zones de moyenne et haute Provence, caractérisées par leurs terrains calcaires et leurs étés chauds et secs, se prêtaient particulièrement bien à la culture de cette légumineuse.
Dès le Moyen Âge, le pois chiche faisait partie de l’alimentation de base des Provençaux, tant pour les populations rurales que pour les habitants des villes. Sa culture était répandue et constituait une source importante de protéines dans une région où la viande était souvent considérée comme un luxe.
La cade, semblable à la socca niçoise, est le reflet de l’ingéniosité provençale dans l’utilisation de ce que la terre offre de mieux. La recette de la cade s’est développée comme un moyen pratique et économique de nourrir les familles, surtout dans les périodes de disette ou lors des conflits qui rendaient l’accès à d’autres types de nourriture difficile. Sa simplicité de préparation et la disponibilité de ses ingrédients ont fait de la cade un pilier de l’alimentation locale.
En plus de la cade, une autre spécialité traditionnelle à base de pois chiche du Var est la “panisse”. Ce plat, fait à partir de farine de pois chiche, d’eau et d’huile d’olive, est mélangé en une pâte puis frit ou cuit au four jusqu’à obtenir une croûte croustillante avec un intérieur doux et crémeux.
La panisse peut être servie en apéritif ou en snack, souvent coupée en tranches ou en bâtonnets, appréciée avec un peu de sel. Elle reflète l’amour de la Méditerranée pour les plats simples et savoureux qui mettent en avant le goût naturel de leurs ingrédients.
La cade et la culture du pois chiche
La culture du pois chiche a eu un impact significatif sur l’économie agricole du Var. Les terres arides et le climat méditerranéen de la région se prêtent bien à la culture de cette légumineuse. Au fil des siècles, les techniques de culture et de récolte se sont affinées, contribuant à l’essor de la production de pois chiches et, par extension, à la popularité de la cade.
Au-delà de son aspect économique, le pois chiche et la cade jouent un rôle important dans la préservation de la biodiversité et des traditions agricoles provençales. La culture du pois chiche participe à la rotation des cultures, améliorant ainsi la santé des sols et réduisant les besoins en irrigation et en engrais chimiques.
Au XIXe et au début du XXe siècle, la culture du pois chiche a connu un déclin, principalement en raison de l’évolution des pratiques agricoles et de la diversification des régimes alimentaires. Cependant, certaines zones du Var ont continué à cultiver le pois chiche, perpétuant les traditions et répondant à une demande locale pour des plats traditionnels comme la cade et le socca.
Plusieurs agriculteurs ont relancé il y a quelques années la culture du pois-chiche dans la région de Flayosc, renouant avec cette tradition et mettant en avant les variétés anciennes et les méthodes de culture respectueuses de l’environnement.
Le pois chiche trouve désormais sa place dans les marchés locaux, les magasins bio et les restaurants soucieux de proposer des produits du terroir. Ce renouveau témoigne de la volonté des Provençaux de préserver leur patrimoine agricole et culinaire, tout en répondant aux enjeux actuels de l’alimentation et de l’agriculture durable.
L’héritage culturel du pois chiche dans le Var
La cade est bien plus qu’un simple plat ; elle est une expression de l’identité provençale. Les marchés, les fêtes et les rassemblements familiaux sont souvent l’occasion de déguster cette spécialité, réaffirmant les liens communautaires et le patrimoine gastronomique régional.
De nos jours, la cade, tout comme le pois chiche, connaît un renouveau grâce à l’intérêt croissant pour les aliments sains, locaux et durables. Les chefs et les amateurs de cuisine redécouvrent ce plat ancestral, l’adaptant à des créations culinaires modernes tout en célébrant son histoire et ses origines.
En conclusion, la cade provençale et le pois chiche sont indissociablement liés à l’histoire, à la culture et à l’agriculture du Var. Ensemble, ils témoignent de la résilience, de l’adaptabilité et de la richesse de la Provence, où la tradition culinaire continue de s’épanouir tout en rendant hommage à ses racines.